samedi 27 avril 2013

Orthez (64) : deux routiers condamnés pour avoir siphonné l'essence d'un collègue

La comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Pau, hier, aura eu le mérite de dévoiler un pan des conditions de vie de ces routiers venus de l’Est, qui sillonnent, de plus en plus nombreux, l’Europe. Des salaires de 400 à 800 euros par mois, selon leurs déclarations, et des périples qui peuvent durer plus d’un mois avant de rentrer chez eux.
C’est en tout cas ce qu’ont raconté hier à la barre Toma et Dorel, décrivant ce qui les a amenés à se faire « pincer », mercredi, vers 1 h 30 du matin, par les gendarmes, en flagrant délit de siphonnage d’un camion espagnol conduit par un collègue belge.

C’était à l’aire autoroutière Haut-de-Départ, à Orthez. Depuis le début de l’année, les gendarmes du peloton motorisé d’Artix avaient remarqué que cette aire, comme d’autres ailleurs sur l’A 64, enregistrait une recrudescence de vols. Toujours les mêmes nuits, entre le mardi et le mercredi.
Les militaires ont alors tendu une « souricière », dans laquelle sont donc tombés les deux routiers.
L’un, Dorel, 36 ans, annonce plusieurs années de trajets internationaux derrière lui, mais ne travaillait pour son nouveau transporteur roumain que depuis quatre mois.
L’autre, Toma, 48 ans, conduisait des camions, mais en Roumanie, avant de se lancer dans la carrière des routiers « TIR » voilà un mois et demi. A la date de leur départ pour d’innombrables destinations et aller-retour entre la France, l’Espagne, l’Italie, sans repasser par la case Roumanie, où ils possèdent tous deux femme et enfant. A la barre, et via leur interprète, ils assurent que c’est la première fois qu’ils se sont essayés au siphonnage d’autres collègues, une pratique de plus en plus répandue. Mais le président Magnon leur rappelle avec quelle dextérité Dorel a débranché la sonde du camion d’un collègue qui dormait dans sa cabine, avant de brancher une pompe électrique reliée au réservoir de son propre camion. Le genre de pompe qui n’est pas garantie constructeur, mais qui a permis de délester en toute discrétion 500 litres (selon la victime) de gasoil en cinq à sept minutes. Le tout sous l’oeil des gendarmes qui ont interpellé les deux routiers peu après.
« Pression »
L’utilisation d’une telle pompe sophistiquée, la coïncidence des faits, toujours la même nuit, sur la même aire, pourraient faire peser des soupçons plus graves sur les deux chauffeurs. Lesquels nient, expliquent qu’ils ont sillonné ces dernières semaines l’Europe du Sud, de Bordeaux à Lille en passant par Valladolid ; et qu’ils ont été réduits à cette rapine alors qu’ils devaient rentrer « au plus vite » à Bucarest sur ordre du patron, alors qu’ils avaient le réservoir vide, et pensaient que leur carte de carburant était épuisée.
C’est cette « pression » décrite par leur avocate, Me Lacassagne, qui les aurait donc conduits au vol. Le tribunal les a condamnés à quatre mois de prison avec sursis, tenant surtout compte du fait qu’aucun des deux n’a jamais été condamné, en France, ni en Roumanie. Ils ont pu rentrer chez eux, mais pas au volant du camion, que leur employeur devra venir chercher.

http://www.sudouest.fr/2013/04/26/deux-routiers-siphonneurs-1036603-4329.php

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