lundi 24 juin 2013

De Bordeaux à La Rochelle : l’escroquerie au terminal de paiement fait des ravages

On pensait avoir tout vu en matière d’escroquerie. Eh bien, non ! L’imagination des malfaiteurs est sans limite. Depuis peu, une nouvelle forme d’arnaque à la carte bancaire a vu le jour. Il s’agit du piratage des terminaux de paiement électronique (TPE). La technique est imparable et est en train de créer un préjudice sans précédent chez les détenteurs de cartes bancaires. Depuis quelques mois, une équipe d’escrocs sillonne le Grand Sud, de Bordeaux à Béziers en passant par Narbonne, Rivesaltes, Pau, La Rochelle, Mont-de-Marsan, Toulouse ou encore Tarbes. Dans chacune de ces villes, plusieurs commerçants ont reçu la visite de ces clients indélicats.
Concrètement, les malfaiteurs prennent pour cible des grandes chaînes commerciales dont ils savent que les filiales sont toutes équipées d’un même modèle de terminal de paiement électronique sans fil de la marque Ingenico. Ils effectuent aussi des repérages dans des restaurants avant de revenir pour passer à l’action.

  • Une technique redoutable
Au moment de régler, à la caisse, ils perturbent l’attention du commerçant en laissant tomber un objet, par exemple, et substituent le TPE par un autre appareil, parfaitement identique. Mais celui-ci a été piraté par leurs soins. Il est équipé d’un système d’émission par « bluetooth » et d’un skimmer - un dispositif placé dans la fente destinée à lire la piste magnétique de la carte.
Ils vont ainsi laisser le TPE fonctionner quelques heures ou quelques jours pour que des paiements soient réalisés. Puis ils vont revenir dans la boutique, le restaurant ou le cinéma et se placer à proximité de la caisse enregistreuse pour récupérer, en moins de trente secondes, l’intégralité des données mémorisées. Et cela, grâce à une application téléchargée sur un smartphone. À partir de ces coordonnées et du code confidentiel également mémorisé, ils vont faire fabriquer des clones auprès de complices installés en Asie du Sud-Est et aux États-Unis. Les vraies fausses cartes, ou « Yes card » parce qu’elles disent toujours « oui », peuvent être alors utilisées partout dans le monde. « C’est redoutable », observe un enquêteur de la division des affaires économiques et financières de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Bordeaux, en charge depuis peu de conduire les investigations dans le cadre de cette affaire.
  • Personnaliser le TPE
La PJ a été saisie à la suite d’une plainte car une carte piratée a fait un « bug » dans une boutique du centre commercial Rives-d’Arcins, à Bègles. La vendeuse a découvert que le TPE avait été changé à son insu. « Les clients victimes de ces malversations et ayant leur compte débité de plusieurs milliers d’euros doivent aussitôt le signaler à la police et auprès de leur banque », indique un policier.
Pour l’instant, l’enquête n’a pas permis d’identifier les escrocs, qui poursuivent leur périple. Afin de se prémunir face à ce système ingénieux, la DIPJ invite à la plus grande vigilance et s’apprête à adresser une note à l’attention des Chambres de commerce et d’industrie pour que l’ensemble des commerçants soient alertés.
Dans un premier temps, des méthodes préventives simples peuvent d’ores et déjà être mises en place, comme personnaliser le TPE. Cela permet de s’apercevoir aussitôt d’une substitution. « Fixer le terminal et ne pas le laisser à la libre disposition du client peut également s’avérer efficace », suggère un enquêteur.
En France, les fraudes à la carte bancaire sont estimées à environ 500 millions d’euros par an. Les clients qui n’ont pas été dépossédés de leur carte et dont la bonne foi est prouvée seront remboursés, après bien des tracas cependant.

http://www.sudouest.fr/2013/06/24/de-bordeaux-a-la-rochelle-l-escroquerie-au-terminal-de-paiement-fait-des-ravages-1094946-7.php

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