dimanche 14 avril 2013

Vingt ans pour Yacine Sid

La cour d’assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort a condamné hier Yacine Sid à vingt années de réclusion criminelle. Epilogue d’un procès dense et intense, un verdict qui a lavé la mémoire de Pierre Nasica. « Pierre n’était pas un dealer », a souligné Me Yves Bouveresse, l’avocat de la partie civile. « Il n’utilisait pas de carte bancaire volée pour des achats de vêtements de marque. »
Une ultime audience qui a connu un coup de théâtre. « Ne nous leurrons pas », a commenté l’avocate générale Thérèse Brunisso dans son réquisitoire : « Ce n’est pas parce qu’il était taraudé par les remords que Yacine Sid a avoué. Mais parce qu’il était acculé par deux jours de procès. »
Sur un ton solennel, la procureure de Montbéliard a rappelé que cette issue inattendue pour la famille de Pierre, était le résultat d’une instruction dont elle a loué la qualité. Mais elle a prévenu que les aveux et l’absence de casier judiciaire l’avaient convaincue de ne pas requérir la peine maximale de trente années de réclusion criminelle. Par ailleurs, elle a écarté la thèse de la préméditation, malgré des « SMS insistants pour prendre rendez-vous avec Pierre ». Et soutenu « la volonté de tuer », requérant vingt années de réclusion. Dans son box, Yacine Sid est demeuré impassible, la tête baissée.
Devant une salle comble et attentive, l’avocate générale a énuméré les possibles mobiles de l’homicide : la jalousie de Yacine à l’égard de Pierre et l’affaire de la carte bancaire. Elle a aussi dénoncé la mise en scène après le meurtre. Autant d’éléments qui l’ont conduite à rejeter tout « aspect passionnel ». Un démenti adressé à la défense et au Dr Christian Claden, qui avait noté dans son rapport une « homosexualité latente et non reconnue » de Yacine Sid.
Quant au scénario du meurtre, elle pense connaître son déroulement : « Les deux jeunes gens se trouvaient dans la casemate à 13 h 30 le 27 novembre 2010. Le coup le plus important a été donné à treize mètres en dehors de la construction. Puis la bagarre a continué à l’intérieur. » À la fin de son réquisitoire, l’émotion était palpable, les deux familles pleurant en silence de chaque côté de l’allée. Des étudiants et des lycéens avaient les yeux rougis par les larmes.

Plaidoirie « impossible »

S’appuyant sur les conclusions du Dr Claden, qui range les stupéfiants dans les facteurs déclencheurs, Me Alain Dreyfus-Schmidt, pour la défense, a avancé que la soudaineté des coups de couteau était à rechercher dans le cannabis. « Lorsqu’il y a des fluctuations dans la consommation », indiquait le psychiatre hier matin, « il peut y avoir un syndrome de sevrage léger avec irritabilité. » Une plaidoirie de quatre-vingts minutes durant laquelle le public s’est impatienté devant les envolées lyriques de l’avocat belfortain. C’est à peine s’il l’a entendu demander à la cour de s’interroger sur « l’altération du discernement de Yacine Sid au moment des faits », le conseil faisant référence à l’amnésie partielle de son client pendant le drame.
« Et les coups qu’il porte sont typiques d’une furie », a soutenu pour sa part Me Patrick Uzan. Après une nouvelle suspension d’audience, ce dernier n’a pas ménagé les postures théâtrales pour évoquer la personnalité de l’accusé. Dans sa lecture du dossier, il s’est essayé à expliquer ses mensonges : « Cimenté par le regard de ses parents qui le voyaient comme un innocent en prison, comment voulez-vous qu’à 18 ans et trois mois trouver les ressources exceptionnelles qui vous font reconnaître ? »
Avec de grands gestes, de longues déclarations ponctuées de silences, Me Uzan a « juré sur sa robe que les aveux de son client ne constituaient pas une posture d’audience mais une délivrance ». Sa plaidoirie remarquable était malgré tout « impossible ». Le verdict est tombé après un court délibéré.
A la sortie du palais de justice, Noël Nasica a loué le travail remarquable de l’instruction, de l’enquête, et du procès : « Le président Ardiet a bien mené les débats et le réquisitoire était de bonne tenue. La défense a tout tenté pour son client, c’était son rôle. » Pour Christine Nasica, « il faut encore attendre dix jours pour savoir s’il n’y a pas d’appel. Ensuite, une page sera enfin tournée. »
Hier soir, Me Uzan semblait écarter l’éventualité d’un appel.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/04/13/vingt-ans-pour-yacine-sid

1 commentaire:

  1. Pauvre petit bonhomme
    A trois ans, il doit déjà tellement souffrir!
    Heureusement dans leur malheur, les parents ont trouvé des employeurs qui ont du coeur!
    J'espère que les "méchants" ne gagneront pas!
    La vie est injuste quand même!
    Bises
    Francine

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